Architecture et spiritualité éthique et esthétique

Yasmina Sbihi a un credo : la conception contemplative de l’art, qui part du principe que la création artistique réside dans l’harmonie, la proportion et la juste mesure, suivant l’ordre du cosmos conçu comme un tout unifié par la loi des nombres autant que par les lois quantiques. Voici une première livraison de ses convictions extraites de son ouvrage.

Dans la conception spirituelle, la création artistique émane de l’âme en communion avec l’unité harmonique du Cosmos. Dans la con-ception de la beauté, la perception sensitive intérieure est appréhendée par nos sens, et nous parvient au-delà de l’intellect, à une élévation sublime, une expérimentation esthétique progressive, transcendante. Dans la conception mystique de la Beauté liée au cheminement spirituel qui lie le Beau à l’Amour, le Beau (un des Noms de Dieu) est Amour… et l’Amour est à l’origine de toute forme de beauté.
C’est une approche dans laquelle la vision du cœur (al bassira) prime sur la vision sensorielle (al Bassar). Elle réunit toutes les facultés et permet l’accès à la beauté multiple de la création, manifestation de la Beauté Divine.
Ce credo est d’un ordre universel. D’ailleurs Kandinsky, dans son livre « Du spirituel dans l’art » conclut que : « l’artiste est le prêtre du beau », il en est le prophète et le serviteur qui nous initie au mystère de la transcendance du beau et nous invite à passer, émerveillé, sur ce pont qui sépare et relie la terre et le ciel. Le monde a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. Vous êtes les gardiens de la beauté du monde. »
Quant à Patrice Eon, il écrit : « L’inspiration, et ce qui en découle, l’activité artistique ou créatrice sont le fruit d’une communication qui relie l’Ordre Universel à l’individu qui se laisse pénétrer fugacement par ce qui le transcende. L’esprit ouvert de l’artiste, qui est réceptif à ces messages, tente alors, parfois toute une vie, avec les moyens dont il dispose, de mettre en mots, en formes, en couleurs, en musique, l’instant de beauté, d’éternité et d’infini auquel il a eu accès. Il cherche avec nostalgie à traduire, dans un langage perceptible à nos cinq sens, dans un espace et dans un temps fini, l’éclat d’infini et d’éternité auquel il a eu accès de façon fugace et imprévisible… »