Les grands projets lancés sur l’ensemble du territoire national constituent un moteur puissant, propre à favoriser la mise en place d’une maîtrise d’ouvrage professionnelle. Le complexe Noor Ouarzazate, premier projet du Plan Solaire Noor lancé par Masen, est singulier entre tous par son échelle et son modèle innovant. Ce complexe de productiond’énergie solaire est devenu un levier de développement social et culturel local. Une évolution que devaient être capables d’absorber à la fois le concept d’aménagement et la conduite du projet…
Rachid Bayed, directeur de la Réalisation, se souvient de mai 2011, date à laquelle il a rejoint l’équipe de Masen. A cette époque, Masen ne comptait qu’une dizaine de personnes dédiées à la concrétisation de l’ambitieux plan solaire Noor à horizon 2020. Compte tenu du démarrage des travaux prévu en 2012, les délais étaient extrêmement serrés pour un projet qui s’annonçait colossal. « La même envie de réussir animait chacun de nous, la même conscience des enjeux concernant aussi bien l’empreinte environnementale et locale du projet que la qualité de sa réalisation et sa performance ».
Un plan de développement et une programmation architecturale
Aménager quelque 3 000 hectares requiert une vue d’ensemble, un cadre général cohérent et des objectifs prenant en compte le lieu et l’environnement du site.
Au moment où intervient Rachid Bayed, « Il fallait mener de front plusieurs sujets et faire travailler, ensemble, différents intervenants : BET, laboratoires, bureaux de contrôle, maîtrise d’œuvre, entreprises etc., chacun ayant des objectifs et des processus qui n’étaient pas nécessairement similaires ». De tels enjeux avaient conduit Masen, dès l’amont du projet, à solliciter les conseils de deux experts, architectes et urbanistes, Abdelhaï Bousfiha et feu Mohammed El Malti. C’est ainsi que, en amont des projets, les bureaux d’études sont intervenus avec les équipes de Masen en vue de vérifier la faisabilité et d’affiner les solutions techniques imaginées.
En parallèle, et à l’issue d’un appel d’offres international, le cabinet Guerin & Pedroza, associé au cabinet Laraki & Mestari, a pris en charge l’élaboration du concept architectural et urbanistique du site. Leur mission de proposer un schéma directeur d’aménagement et un cahier des charges urbanistique, paysager et architectural, était essentielle au vu de la taille du site et de la diversité de sa programmation.
Dans ce sens, le concept urbanistique et paysager a été l’un des facteurs déterminants de l’intégration du projet dans sa zone d’implantation et donne aujourd’hui une lecture cohérente de l’ensemble de ses composantes. Ainsi, le recours à une programmation d’envergure, en prise à la fois avec les exigences du projet de production électrique et les spécificités du territoire, a donné naissance à un concept intégrateur qui, par exemple, a su alterner entre aménagements minéraux et végétaux et qui s’est inspiré de l’architecture locale. Le projet a reçu le prix de l’aménagement des services de l’ONU au forum Rio + 20 à Rio de Janeiro (Brésil) en 2014.
Les grandes lignes du concept urbanistique et paysager ont été mises en place entre 2012 et 2013, de même que la finalisation des études et des projets d’infrastructures : routes (60 km), système de drainage des eaux pluviales, clôture (30 km), réservoirs d’eau brute, prise d’eau, station de prétraitement, postes d’accès, bâtiment de télécommunications, etc. « Les délais ont conduit à mener en parallèle différentes phases, à nous adapter et faire évoluer le projet au fur et à mesure de sa réalisation. Ce n’est donc pas une démarche chronologique classique que nous avons suivie » souligne Rachid Bayed.
Un levier puissant de développement local
Le lancement de la réalisation des projets d’infrastructure a été l’occasion de former des partenariats avec différents organismes publics dans le but d’améliorer l’employabilité des personnes non qualifiées, voire qualifiées et de participer à des projets structurants pour la population locale (route de 20 km de la RN 10 jusqu’au village d’Agoudime, ouvrage d’art sur l’oued Izerki, mise en place d’un réseau d’alimentation en eau au niveau de la commune de Ghessate dont plusieurs douars bénéficient…).
Dès le lancement des travaux, la population locale a été économiquement intégrée au projet, jusqu’à atteindre environ 2 000 employés dès les 2ème et 3ème années de construction.
Par ailleurs, le volet touristique a également été pris en compte puisque le complexe est ouvert aux visites du public. Son ampleur et sa diversité constituent en effet une attraction et présentent un important potentiel et une richesse pour les visiteurs. La mise en place de différents circuits de visite est en cours d’étude avec, pour point de départ, le « Masen Center », situé au cœur du complexe et labélisé HQE niveau exceptionnel (une première en Afrique).
Le cadre et les outils de contrôle de la qualité et de la performance
Afin d’assurer l’avancée qualitative du processus et le respect des nombreux objectifs visés « un Système Qualité » cadre toutes nos phases projets, s’appuyant sur des procédures et des processus métiers. Ces derniers sont mis à jour régulièrement tenant compte du retour d’expérience des projets et des bonnes pratiques en la matière » détaille Rachid Bayed. Un système qualité est ainsi déployé dès la phase de programmation et de planification des projets. Il couvre l’ensemble des étapes de réalisation, depuis le recrutement des bureaux d’étude en passant par la validation et les décisions d’investissements, la gestion des appels d’offres jusqu’à la construction et la passation des ouvrages aux exploitants, aussi bien pour les projets d’infrastructures que les centrales solaires.
La mise en œuvre d’un programme regroupant plusieurs corps de métiers, et impliquant de nombreux intervenants, nécessite par ailleurs une gestion d’interfaces et une coordination rapprochée avec les différentes entités et ce, en respectant les standards les plus exigeants dans le management des projets. Les collaborateurs de l’équipe réalisation sont ainsi en majorité certifiés PMP. L’exigence Qualité et le respect des règles HSE font partie des premières priorités. Pour certains projets, tels que les bâtiments ou les aménagements paysagers, des comités ont été mis en place pour assurer une complémentarité dans les rôles et une cohérence optimale tout en valorisant les choix d’aménagement et de programmation technique et fonctionnelle. « Ces comités, en fonction des cas, sont composés d’architectes, d’urbanistes, de bureaux d’étude et d’entités internes, telles que la conception technique, la prospection Masen Services et la communication. » D’autres outils facilitent la gestion des interfaces, notamment un master planning réunissant tous les projets, ainsi qu’un plan de synthèse global permettant de gérer l’ensemble des interfaces physiques entre ouvrages. Rachid Bayed conclut alors en disant : « Le projet apparaît comme un ensemble de briques montées une à une au fur et à mesure de l’avancement. Chaque élément du projet a constitué une expérience et une situation uniques et leur évaluation a alimenté pendant l’ensemble du processus notre réflexion. Nous avons mis en place une expertise et développé des compétences. Ce retour d’expérience sera le socle fondamental pour les étapes suivantes »