Assurément le concept de développement durable, nous dit Assia Lamzah, change les pratiques en incitant non plus à rechercher une forme unique et idéale mais à atteindre les finalités auxquelles aspire tout territoire et toute communauté humaine : cohésion sociale, développement économique et équilibre environnemental.
Les villes représentent l’un des héritages les plus visibles de la culture d’une civilisation. Certaines cités ont marqué l’histoire de l’humanité soit par des traces physiques toujours visibles, soit dans une littérature qui en relate l’existence : Babylone, Hénoch, Athènes, Rome, Fès… autant de créations urbaines avec des mécaniques économiques, sociales, anthropologiques et politiques très diverses qui ont pour finalité d’assurer aux individus une forme de sécurité et de bien-être. Dans ce sens, la Cité forme le creuset de l’émergence d’une culture par la réunion d’une communauté d’individus dont l’objectif est la réalisation d’un projet politique. Ainsi, le concept de société et son adaptation au contexte et aux contraintes du milieu physique et socio-culturel, sont indissociables du fait urbain.
Appréhender la question du développement urbain durable signifie, entre autres, partir de ce que l’humanité a construit et faire perdurer sa résistance au temps tout en préservant son « efficacité » sociale, économique, culturelle, cultuelle et autre. En effet, la question de la durabilité de la ville est fort ancienne. L’impératif du développement durable, qui reste une notion à lire de façon critique, introduit de nouvelles exigences dans la production de la ville. Le présent travail se focalise sur la relation entre le design urbain et architectural et le développement durable. Autrement dit, comment le design ou plutôt le « Smart Design » peut-il garantir la durabilité des espaces urbains conçus et vécus ? La durabilité ici est appréhendée plutôt dans son sens écologique d’efficacité énergétique, que dans son sens économique et sociologique.
La moitié de la population mondiale vit aujour-d’hui dans les zones urbaines et, d’ici 2050, le nombre de personnes vivant dans les villes sera de 70%. D’autre part, les villes sont responsables de l’émission des 2/3 des émissions de carbone. La question de la morphologie urbaine et le design sont des éléments déterminants dans ce sens.
L’enjeu du développement urbain durable est de taille. Prétendre concevoir un espace urbain (ville, quartier) dont le développement est durable est une tâche non simplement complexe, mais profondément liée à des aspects et des acteurs qui ne sont pas toujours compatibles, et ne travaillent pas toujours à la même échelle. L’essentiel en matière de développement durable, comme le stipule Scherrer (dans Theys 2000, 22) ne tient pas « dans un programme à prescrire, dans une forme idéale et unique, mais dans un choix de bonnes pratiques – ce qui place en première ligne les modes de faire de la planification et d’aménagement ».